mardi 24 mars 2009

La vie des cimetières (20)

Dans les longues allées ennuyeuses des grands cimetières humains, parmi les milliers de monuments aux lignes grossières, aux gestes conventionnels et aux douleurs sempiternelles, se produit parfois un sortilège.

Vous l'approchez alors avec précautions, le contournez lentement, chaque point de vue vous émerveille. Avec fébrilité vous cherchez la signature du sculpteur, vous pestez parce qu'elle est presque illisible et vous regrettez de ne pas être dans un musée devant une étiquette soigneusement calligraphiée. Mais vous êtes dans le Cimetière Monumental de Milan, au bord du secteur 4, devant la tombe d'Enrichetta Maggioni Venegoni que vous ne connaissez pas, et dont les restes sont veillés depuis cent ans par une fillette de bronze à patine bleutée.
(coordonnées à coller dans un logiciel de cartographie : 45.48715, 9.17794).




Appel à la délation : un abonnement gratuit et perpétuel à Ce Glob Est Plat sera offert à toute personne qui fournira des renseignements sur l'auteur de cette sculpture, actif en Italie du nord à la charnière des 19ème et 20ème siècles et dont les initiales sont peut-être R.D.



mercredi 18 mars 2009

Recrudescence de trous blancs

Et voilà, ils ont fait l'expérience ! Comme dans les mauvais films de science-fiction. Pire que les trous noirs du LHC, il y a maintenant les trous blancs du ministère de la Défense.
Prenons l'exemple emblématique de Taverny (mais il y en a d'autres que nous vous invitons à rechercher). D'après l'encyclopédie Wikipedia, il y a dans la forêt de Montmorency, à Taverny, le cœur du système de défense nationale français, dont les installations seraient en cours de démantèlement.

On peut effectivement constater sur l'illustration jointe, issue des pages jaunes, qu'il s'agit d'une liquidation totale, voire mieux. Le plus troublant est le désaccord des cartographes. Pour Google Maps, sur la photo par satellite datée du 21 octobre 2007 (1), les installations militaires semblent au complet, alors que la photo vide des pages jaunes date de 2005. Qui croire ? La rumeur qui prétend que presque tous les articles de Wikipedia sont écrits par le porte parole du gouvernement serait-elle fondée ? Et la végétation n'est-elle pas un peu trop verte et pimpante sur la photo de Google Maps (2) prétendument prise à la fin de l'automne ?

Qui dira les expériences de chimie monstrueuses qui se perpètrent actuellement à notre porte et répandent ces trous blancs, annihilant des hectares du territoire français sous le couvert de la défense de l'État et dans l'indifférence des médias ? Imaginez que cette infection se propage un jour jusqu'aux cabinets des plus hautes instances de notre pays... Où irait alors la France ? Que deviendrions-nous ?

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(1) En réalité elle n'est pas datée sur Google Maps mais la même photo exactement est datée sur Google Earth.
(2) Pour des motifs déontologiques et éviter les accusations d'espionnage, voire de haute trahison, Ce Glob Est Plat contrevient à sa règle sacrée «La vérité sinon rien» et ne montrera pas cette image sulfureuse.

jeudi 12 mars 2009

Un peu d'information

Pour les oreilles : Le concert de Cologne (Köln Concert) du pianiste Keith Jarrett est un des disques de «jazz» les plus illustres. À juste titre. On peut écouter mille fois sans ennui son extraordinaire dernier mouvement. Et si on veut éterniser ce même plaisir, les 5 concerts en solo donnés en novembre 1976 au Japon (Sun Bear Concerts) peuvent être écoutés en une seule séance de 6h38...

mercredi 4 mars 2009

Le musée des mots en «-isme»

On apprend avec émotion, sur les autobus parisiens, qu'il y aurait plusieurs impressionnismes, au point qu'il est devenu urgent de leur ouvrir un musée, à Giverny (*).
Certes, la manière impressionniste est très populaire. Parce qu'elle représente la réalité comme un éternel printemps, qui serait vu par un astigmate. Elle enchante les femmes par son univers constamment fleuri et vivement coloré, et rassure les hommes parce qu'il est peuplé de femmes en robes flottantes humblement occupées, dans l'ombre, à des tâches quotidiennes. Et quand elle peint les réalités plus brutales de la ville, elle les noie dans des scintillements de lumière ou des brumes et des fumées qui les voilent avec délicatesse.

C'est un peu le monde merveilleux de Walt Disney.
Alors imaginez plusieurs impressionnismes... Chacun pourrait choisir l'impressionnisme qui lui convient, comme on choisit la couleur d'un papier peint : un impressionnisme à fleurs jaunes pour l'été, un impressionnisme parme à l'automne, vert pomme pour le printemps.

En haut, 4 vues (parmi 28) de la cathédrale de Rouen peintes par Monet autour de 1890. En bas 4 vues (parmi des centaines photographiées par vous et moi et partagées sur Panoramio) du Château de Cendrillon, à Disney World en Floride. Impressionnisme chez Monet, «impressionnantisme» chez Disney, la différence saute aux yeux.

Le musée ouvrira le 15 mai sur un coup d'éclat, une exposition «Le jardin de Monet à Giverny» (hélas pauvre en tableaux, à peine une vingtaine), suivi d'une rétrospective Joan Mitchell, peintre américaine rangée sous l'étiquette «expressionnisme abstrait» et qui a peu à voir avec l'impressionnisme sinon qu'elle a longtemps vécu à Vétheuil dans la maison que Monet avait habitée.
Mais après tout, Monet fut un des précurseurs, derrière Turner, de l'abstraction en peinture. Et puis, tout le monde aura sa place au musée des mots en «-isme».

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(*) Le Musée des Impressionnismes s'installera dans les locaux du Musée Américain de la fondation Terra à Giverny, qui lui abandonne la place (par défaut de rentabilité ?). Ainsi disparaît un musée qui n'aura pas vécu vingt ans. Où verra-t-on désormais les tableaux de Georges Inness, Guy Orlando Rose, Martin Johnson heade, Edward Hopper, John Singer Sargent ?