mardi 19 mars 2013

Êtes-vous radiosensibles ?

Dampierre, près de chez vous...

Les cerisiers sont en fleurs dans la préfecture de Fukushima. Les reportages également fleurissent (1). C'est le deuxième anniversaire de la catastrophe.

Les papillons quittent leur chrysalide. On note des mutations bizarres, mais il faut vraiment se rapprocher.
Les enfants portent en permanence un dosimètre qui mesure le niveau de radiations accumulées dans l'organisme. Les données sont analysées ailleurs. Ils attendent encore les résultats.
Les médecins conseillent de dormir au milieu de la pièce plutôt que le long des murs, à cause du césium qui descend du toit. Et dehors, de porter un masque respiratoire. Peu le font (2).
L'agriculture régionale tourne au ralenti. L'export des produits vers les autres préfectures est sous surveillance. Alors ils emplissent les supermarchés locaux. On ne peut pas tout surveiller tout le temps. On rejette dans les eaux des ports les poissons dont le taux de césium dépasse 80 becquerels. On vend les moins radioactifs.

La vie semble à peu près normale à Fukushima. Parfois cocasse, quand parait l'équipe municipale de décontamination. Trois fonctionnaires dévoués et incompétents partis pour la dérisoire tentative de décontamination de la montagne, des terres, de la forêt, des champs, des brins d'herbe. Dès qu'il pleut, il faut recommencer.
La terre irradiée est stockée dans des sacs qui finissent sur un terrain vague. L'auteur d'un des reportages s'étonne qu'un pays traditionnellement organisé et efficace comme le Japon en soit rendu là, et ajoute que cela n'arriverait pas en France où les normes de sécurité sont draconiennes.
On le croit aisément. Il suffit de constater comment la région parisienne est désorganisée dès que tombent quelques centimètres de neige.

Avec Fukushima commence une nouvelle ère. Une ère depuis longtemps prédite par les auteurs de science-fiction. Une ère où il faudra se débrouiller pour survivre aux radiations.
Fêtons donc, tous les 11 mars, avec les humbles pionniers de Fukushima, l'ère de la radioactivité.

Mise à jour du 29 mars 2013 : voir la chronique « Rebondissements »

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(1) Surtout « Fukushima une population sacrifiée » de David Zavaglia pour LCP, également « Le monde après Fukushima » de Watanabe, et « Fukushima chronique d'un désastre ».

(2) En dépit des dénégations des autorités, la région est contaminée, jusqu'à 100 kilomètres de la centrale. À Tokyo, par endroits, 250 kilomètres plus loin, il arrive que les seuils d'alerte soient atteints. À Fukushima, afin de convaincre qu'il n'y a pas de danger, la municipalité a organisé une grande fête avec Mickey. Où les enfants étaient assis, la radioactivité était de 10 microsieverts par heure (soit 87 millisievert par an).
Avant 2011, la loi japonaise (comme le code de la santé publique en France) interdisait qu'une personne subisse plus d'un millisievert par an (une radiographie équivaut à 0.3), et plus de vingt pour les professionnels exposés.
Après l'accident nucléaire de mars 2011, les autorités ont passé la norme de un à vingt, pour ne pas avoir à évacuer un million d'habitants. Et la nouvelle norme n'est même pas respectée par les tribunaux qui considèrent parfois que l'évacuation n'est pas justifiée en dessous de 100 millisieverts par an.

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