vendredi 22 mars 2013

Et le gagnant est...

Dalí, Phosphène de Laporte (détail) 1932
reproduction autorisée (photo. JFP 2013)

Il y a bien longtemps que la visite des grandes expositions médiatisées n'est plus faite de sérénité et de contemplation mais d'énervement et de frustration.

On se rappellera la rétrospective Claude Monet au Grand Palais, fin 2010. La Réunion des musées nationaux avait tout fait pour exploser le record du nombre de visiteurs, jusqu'au marathon des quatre derniers jours où l'exposition était permanente, jours et nuits.
Résultat, 913 000 visiteurs s'y étaient bousculés. Même la longue exposition Toutankhamon en 1967 était battue, relativement à sa durée (1 200 000 en six mois et demi, soit 738 000 en quatre mois).
Fin 2012, le Grand Palais lançait L'exposition Edward Hopper sur le même schéma triomphant. Mais mauvais temps, moindre renommée du peintre, ou martelage promotionnel moins réussi, il ne se trouva que 784 000 amateurs pour braver le froid et la promiscuité.

Grâce à Claude Monet, Le Grand Palais avait détrôné le Centre Pompidou (Beaubourg) titulaire du record (relatif) depuis 1979, avec les 840 000 entrées de la rétrospective Salvador Dalí.
Il fallait réagir. Et l'occasion était trop belle avec l'actuelle et grandiose exposition Dalí, présentée  dans le même musée 33 ans plus tard.
Après quelques semaines, le Centre décidait déjà de faire tous les jours nocturne jusqu'à 23 heures. Et aujourd'hui, la fin approchant, avec déjà plus de 800 000 entrées annoncées, il a déclenché le désormais traditionnel marathon non-stop. Quatre jours sans interruption.
Cela lui permettra probablement de battre son ancien record de 1979, mais pas celui de Claude Monet. Pour cela il faudrait dépasser 25 000 visiteurs par jour, objectif inaccessible, la moyenne actuelle, contrainte par les normes sécuritaires et commerciales, étant de 7 000 sur 12 heures (750 simultanés).
Mais le musée pourrait surprendre en prolongeant l'exposition.

L'alibi de cette compétition est toujours le même « Pour répondre à l’enthousiasme du public ». Cependant, à lire les descriptions horrifiées et les témoignages consternés des malheureux qui se sont trouvés prisonniers de la gestion absurde et inqualifiable des files d'attente du Centre Pompidou, on constate que le bien-être du spectateur et la sécurité des œuvres sont les derniers soucis des musées, loin derrière l'obsession du score.

Jusqu'au jour où...


Mise à jour du 29 mars 2013 : voir la chronique « Rebondissements »


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